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Un beau témoignageLUCHON ANETO TRAIL - La...

vendredi 26 juillet 2019, par Philippe Dantec

Un beau témoignage

LUCHON ANETO TRAIL - La Venasque (45km - 2800m D+)

Pour replacer un peu le contexte, ce trail, c’est mon objectif de l’année. Inscrit avec Eric et Ronan, un collègue de travail, depuis le mois de Janvier, j’ai calqué toute ma prépa sur cette course. Ce que je n’avais pas prévu, c’est la déchirure au mollet gauche début mars… Pour faire court, 6-7 semaines d’arrêt, 2 dossards mis à la poubelle (Trail de Pontivy et Festitrail), un mal de dos récurrent qui vient se greffer par-dessus tout ça et une reprise de l’entrainement avec des hauts et des bas… Je me présente rarement confiant à une course mais là, je crois que j’ai atteint des sommets d’incertitudes.

Samedi 06/07, J-1.

Enfin, nous (Angéline, mes 2 filles, Ronan et sa petite famille) y voilà ! On décide de tous monter aux Hospices de France (le point de ravitaillement à l’aller et au retour) pour s’imprégner de ces majestueuses montagnes et prendre un peu la température. Nous sommes servis, il fait plus de 30°C. Arrivés au pied de la montée de La Venasque, on se regarde avec Ronan : « Ça va être très chaud (sans mauvais jeu de mot)… », et l’état de fatigue avancé des coureurs du 64km n’est pas là pour nous rassurer, bien au contraire… A ce moment-là, on croise les doigts en espérant que le mercure descende un peu, le lendemain.

Il est temps de redescendre à Luchon récupérer les dossards et Eric, pour échanger nos dernières impressions et surtout nos dernières appréhensions. Un dernier point sur les objectifs de chacun : perso, après ma préparation chaotique, finir entier, sans me blesser, et prendre un maximum de plaisir suffiront largement à mon bonheur. Comme je suis gourmand, je me dis que la cerise sur le gâteau serait de passer sous les 8h…
Après un dernier Perrier en terrasse (et une bière pour Eric !), on se souhaite de passer une bonne nuit. Elle sera courte…

Dimanche 07/07, Jour J

5h30, réveil : la boule au ventre, comme d’hab !… J’ai beau m’être levé en avance, les derniers préparatifs n’avancent à rien. Chaque décision prend 3 plombes : je prends 1 ou 2 flasques en plus du Camelbag ? Les barres de céréale dans la poche de droite ou de gauche ? Et le téléphone portable sera-t-il assez accessible pour prendre des photos ?…

8h, enfin sous la flamme, une dernière photo avec Eric et Ronan. L’attente est longue… Les regards autour de nous faussement détendus…

8h30 pile, les cloches d’Hells Bells d’AC/DC sonnent… le frisson monte… le départ est donné.

Comme d’habitude ça part vite mais je me contrôle car je sais que la première rampe est courte mais rude :
200m D+ en 1,5 km, ça calme direct les ardeurs ! Je laisse déjà s’échapper Eric et Ronan en me disant que c’est la meilleure des choses pour moi. Les sensations sont plutôt bonnes. Après un replat sur un single puis une petite descente, j’arrive à la fameuse passerelle suspendue : il ne faut pas avoir le vertige…

Les choses sérieuses commencent ensuite : 9km de montée avec environ 1000m D+. Je décide de sortir enfin les bâtons, je ne les quitterais plus de la course. Je pars prudemment et monte à mon rythme dans des sous-bois plongés dans un brouillard, créant une ambiance irréelle. Les premiers pourcentages un peu raides passés, j’en profite pour dérouler un peu les jambes, je double pas mal de monde, ça fait du bien au moral et je me dis que je suis dans un bon jour… Je finis les 3-4 derniers km de montée, sous le soleil (qui a fait son apparition entre temps), avec une triathlète de La Rochelle, en préparation pour le GRP : hyper sympa !
Arrivé au 13ème km, il reste 2km de descente bien technique avant d’atteindre le premier ravito où m’attendent nos supporters. J’ai déjà monté 1200m D+ en 2h15 et aucun signe de fatigue et de douleur. Le moral au top, tellement content d’être là, je dis à Angéline : « J’adore le trail ! ». 2-3 Tucs et bouts de fromages avalés, les réserves en eaux pleines, un dernier bisou, je repars finalement assez rapidement.

C’est parti pour le Port de Venasque : 6km et un peu plus de 1000m D+ ! Je n’essaie même pas de repartir en courant car ça commence fort 500m après le ravito, avec les premiers lacets. Avec la chaleur qui commence à s’installer, je peine un peu dans les premiers hectomètres, les jambes sont dures. Je me fais doubler par un couple avec qui j’essaie d’échanger quelques mots : rien ! Tant pis… Je me mets dans ma bulle, trouve le rythme qui va bien et finalement les sensations reviennent. La montée est magnifique, nous slalomons entre les ruisseaux, passons à côté d’une cascade et apercevons quelques rares névés ayant résistés aux fortes températures des derniers jours.

Je double de plus en plus de coureurs, certains arrêtés sur le bord du chemin. Au bout d’1h30, j’aperçois les fameux « boums » : ces petits lacs de montagne à l’eau bleu turquoise : splendide ! Arrivent enfin, les derniers lacets bien caillouteux vers le Port de Venasque : C’est du costaud ! Dans les derniers mètres les plus raides, un vendéen ayant lu « Nantes Métropole Athlétisme » dans le dos de mon maillot me demande si je me suis perdu ! Ça nous fait marrer tous les deux… Après 1h45 d’ascension, me voici enfin au Port de Venasque, une petite faille dans la montagne laisse place à un panorama époustouflant sur le massif de l’Aneto (non, non, je n’exagère pas !). J’en profite pour m’arrêter 3-4 min, le temps de m’alimenter un peu et prendre quelques photos. J’ai un sourire bloqué sur le visage : Je suis bien !!!

La transition jusqu’au Pas de l’Escalette se passe assez bien. J’enchaîne une petite descente puis une montée d’environ 200m D+. Les paysages sont aussi beaux côté espagnol. La montée finit sur une petite corniche rocailleuse, avec quelques belles marches. Je suis alors au 24ème km, point culminant de la course à 2 472m. Ca fait 4h45 que je suis en course, et mes petites jambes de grenouilles ont déjà grimpées près de 2400m D+ !

Il me reste alors une belle mais surtout longue descente de 7km pour atteindre le deuxième ravitaillement, toujours à l’Hospice de France. Et là, au bout de quelques centaines de mètres : plus de jambes… J’ai les quadri qui me brûlent et plus ça va, plus je me raidis et plus j’ai mal. Je n’arrête pas de me faire doubler et je ressasse sans arrêt que je suis ARCHI NUL en descente. Un coureur chute alors devant moi (sans gravité), je me dis alors que je ne suis pas le seul ! Au bout de 45 min, j’arrive au 2ème ravito, trop content de voir Angéline et les filles, j’en oublie presque ma descente catastrophe. J’ai toujours le smile, je prends le temps de bien manger salé (je n’en peux plus du sucré) et repart au bout de quelques minutes.

Après une rapide descente sur route, débute l’avant dernière ascension de la journée, en plein soleil. Il est environ 14h30, il commence vraiment à faire chaud mais ça passe finalement plutôt bien. La descente qui suit, se passe moyennement, les efforts consentis commencent à peser sur mon organisme… Arrive le 40km, j’ai carrément plus de jus, le plaisir n’y est plus. 42ème km : début de la dernière bosse assez courte mais avec de méchants pourcentages. Mon corps me dit de m’arrêter tous les 3 minutes mais mon mental me fait encore avancer… doucement… Un coureur me dit « quitte à avoir mal, autant que ça dure le moins longtemps possible ! ». Je trouve les dernières forces pour repartir. J’entends le speaker, je sais que l’arche n’est plus très loin… Et là, j’aperçois mes 2 filles venues courir à mes côtés pour les 100 derniers mètres.

Ca y est, je l’ai fait. Finisher de la Venasque 2019 en 7h33 ! Après je ne saurais décrire ce qui se passe dans ma tête, c’est tellement personnel mais qu’est-ce que c’est bon !

Je remercie vraiment mes 2 compères de course, nos formidables supporters qui ont quand même traversé la France pour venir nous soutenir (dédicace toute particulière à Angéline) et tous ceux qui était derrière leurs écrans de smartphones (on pense aussi à eux quand on est là-haut).

J’ai fait un peu long, je m’en excuse. J’espère que ça donnera envie à quelques grenouilles de partir sur un beau projet trail en montagne l’année prochaine. J’ai entendu Marjo parler du Lavaredo, à bon entendeur…

Cyrille.

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